Réflexion sur la douleur -Cicéron-

La force de l'habitude est grande. Les chasseurs passent des nuits dans la neige, des journées dans les montagnes sous un soleil brûlant; broyés par des cests, les pugilistes ne gémissent même pas. Mais à quoi bon parler de ceux pour qui une victoire aux jeux olympiques est ce qu'était chez nous le consulat? Quels coups n'endurent pas les gladiateurs, des gens sans aveu ou des barbares! Comme ceux qui ont été bien dressés acceptent les coups qu'ils ne peuvent éviter sans honte! Combien de fois il est visible qu'ils tiennent avant tout à contenter leurs maîtres ( attitude digne des Spartiates ! ) ou le peuple ! Couverts de blessures, ils demandent à leur maître ce qu'ils souhaitent. S'ils se sont aquittés envers eux, ils sont préts à recevoir le coup de grâce. Un gladiateur moyen a-t-il une seule fois gémi?...Y en a-t-il qui ait eu une attitude honteuse dans la lutte ou a terre, qui une fois a terre ait rentré leur coup lorsqu'ils ont l'ordre de tendre la gorge?(...)

Tu as vu des enfants  à  Lacédémone (Sparte) , des jeunes gens à Olympie, des barbares dans l' arène recevoir et supporter les coups les plus durs en silence.(...)

Le soupir de l'homme courageux et sage ne doit jamais être qu'une aspiration à la fermeté comme les coureurs du stade qui crient tant qu'ils peuvent ou des athlètes à l'entrainement.Quand aux pugilistes, même lorsqu'ils frappent l'adversaire, ils poussent un soupir en brandissant leurs cestes, non qu'ils souffrent ou que leur courage faiblisse mais parce qu'une expiration bruyante favorise la tension de tous leurs muscles et que le coup est décroché avec plus d'élan .(...)

D'une maniére générale , toutes les peines auxquelles s'attachent la gloire et la célébrité deviennent par cela même supportables. Ne voyons nous pas, dans le pays où les jeux appelés gymniques sont trés considérés que les champions s'exposent à toutes sortes de souffrances? De même, là où la chasse et l'équitation sont en vogue, nulle douleur ne rebute ceux qui souhaitent y être vainqueurs.

Pour Cicéron l'entrainement permet de s'accoutumer à la souffrance , tout comme la philosophie.

La puissance du corps peut même atteindre la partie irrationelle de l' Homme (ce que la raison ne parvient pas a faire).